Le petit prince de Lu

Conte moderne

 

 

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Le pitch

Les enfants sont tous des princes et des princesses pour leurs parents, les parents sont tous des rois et des reines pour leurs enfants. Victor est orphelin mais Marie arrive et il devient son prince. Ils vont commencer à s’aimer et Victor va la laisser devenir sa mère. Tandis que son coeur se remplit, le monde autour de lui se matérialise, plus de gens, plus de décor, plus d’objets. Noé va être là pour aider Victor à devenir un petit garçon comme les autres, qui n’a plus peur. Victor n’est désormais plus seul et son monde devient normal.

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La caractérisation des personnages principaux

 

Marie (aussi appelée Lucie la blonde)

• Physique:   Blonde,1m75, élancée, yeux verts. Chaussures plates. 

• Psychologique: Elle a toujours un sourire affable, doux et ne s’énerve jamais comme si elle était toujours d’humeur égale, imperturbable (sauf quand Victor disparaît, réelle angoisse).

• Sociologique: Elle est très laconique et ne va pas à la rencontre des autres. Elle a quelque chose d’étrange, d’insolite, de féérique. Elle est douée pour le dessin. Son occupation première est de prendre soin de Victor.

• Comportemental: Quand Victor est triste ou fâché elle chante et cela le calme. Elle semble ne pas connaître certaines habitudes élémentaires (faire la cuisine) et a des difficultés face au monde moderne. Elle chante merveilleusement bien, dans une langue inconnue. Elle ne parle à personne presque. Elle adore se baigner et se balader en forêt. Elle sauvegarde les animaux, les insectes. Elle mange les légumes crus. 

 

Victor

• Physique:  5 ans. Châtain, yeux bruns.

• Psychologique: Gentil, enjoué mais avec un fond de tristesse qui disparaîtra. Il aime faire tout ce qu’il veut. Il est curieux, il pose des questions. C’est lui le chef et il faut lui obéir mais il deviendra un petit enfant obéissant. Il cherche une présence maternelle puis paternelle. C’est lui qui adopte Marie et Noé. Il adore les animaux et, avenant, il va naturellement vers les autres.

• Sociologique: C’est un prince, quoi qu’en disent ses camarades.

• Comportemental: Il dessine sur les murs. Il est farceur.

 

Noé (l’ombre)

• Physique: 35 ans, brun, 1m95, peau très foncée, muscles saillants, regard perçant. Il est toujours en tenue d’équitation.

• Psychologique: Observateur, soucieux du petit Victor, rieur. Grande force physique et sentiment de puissance. Sûr de lui. Toujours prêt à s’esclaffer.

• Sociologique: Il semble travailler au centre équestre comme dresseur. Sorte d’ange protecteur.

• Comportemental: Mystérieux. Il connait très bien Victor. Il les surveille, les protège, ne les lâche pas du regard. Les chevaux n’ont aucun secret pour lui. Il les dresse et leur fait faire des figures artistiques.

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Lucie la brune

32 ans, 1m60, blonde. Regard vers le bas d’une personne qui a échoué et qui en a honte.

 

 

Synopsis

 

Marie, 27 ans, blonde, tire sa valise dans la rue. Elle remonte l’avenue Louis Lepoutre et s’arrête devant la façade d’un immeuble style Hausmann. 

Elle entre dans l’immeuble et sort une enveloppe d’une boîte aux lettres. Elle lit: « Tu t’appelles Lucie », puis elle entre dans l’ascenseur. Elle en sort avec sa valise au troisième étage. Lucie, petite brune de 32 ans, triste, sort de l’appartement de droite de ce même immeuble, au même étage, au même moment. Elles se saluent par leur prénom. Lucie la brune entre dans l’ascenseur, Lucie la blonde entre dans l’appartement vide de tout meuble que Lucie la brune vient de quitter. Un cadre photo renversé git par terre dans un coin. Elle le ramasse et y voit la petite femme brune, Lucie, habillée de vert sur un cheval noir avec un enfant: Victor. 

Victor surgit dans le hall et exige qu’elle mette les vêtements verts. Elle s’exécute. Ils chassent les mouches et en attrapent une sous un verre et discutent pendant que Victor chipote à ses cheveux. Marie libère la mouche par la fenêtre et entrevoit une ombre dans le square. Ensuite, Marie borde Victor dans son hamac et lui chante une chanson.

Marie et Victor se dirigent vers l’école qui semble déserte. Victor impose à Marie de le déposer et de l’attendre un peu à l’écart de l’école. Victor entre à l’école et Marie aperçoit un homme de dos qui observe Victor puis s’éloigne. Plus tard, Marie va à la sortie de l’école avec un panier plein de légumes et attend Victor tout près. Il n’y a personne et Victor traverse seul la cour de récré. Il se fâche de sa désobéissance et rentre en colère. Une fois dans sa chambre, il pousse un cri. Marie lâche son panier, se précipite et découvre l’objet de sa terreur: une araignée. Elle la prend et la libère par le fenêtre. Elle retourne ramasser les légumes et Victor vient l’aider. Il lui montre ses pastels et ils dessinent à deux sur le mur du living. 

Le lendemain, ils rendent visite au cheval Eadmund que Victor aime beaucoup. Ils lui donnent à manger, le frottent et Marie chante une chanson. Elle sent la présence de quelqu’un mais ne voit personne. Le soir, ils mangent toutes sortes de légumes crus mais Victor a envie de manger chaud. 

Un après-midi Marie se promène sur le dos d’Eadmund et croise Noé sur un cheval Alezan. Il la scrute puis s’en va. Aucune parole n’est échangée. 

Marie va chercher Victor à l’école. Il lui offre un bonbon à la fraise. Ils vont à la plaine de jeux où Victor joue avec Joris. Marie voit une homme de loin. Elle emmène Victor pour rentrer. 

Un cadeau emballé en vert attend Victor à la maison. Il le déballe. Il s’agit d’un cheval à bascule en bois. 

Ils vont à la grande fête foraine de l’école qui est déserte d’abord, font un tour de manège et pénètrent dans le petit palais des glaces. Là Victor entrevoit l’ombre. Elle aide Victor à trouver la sortie. Une fois dehors, il y a plein d’enfants et de parents. Ils vont ensuite au stand de tir où Marie gagne une épée en plastique et une paire d’ailes. Sur le chemin du retour, Victor aperçoit l’ombre à nouveau et est pris d’effroi.

Ils montent dans l’appartement qui est un peu plus meublé. Ils créent une tente avec des couvertures, jouent avec les ombres de leurs mains projetées sur le tissu. Victor se met à défaire les cheveux de Marie et l’interroge sur la photo de sa mère présente dans son pendentif. 

Le matin Marie plie les couvertures quand est glissée une lettre sous la porte. Elle s’appelle dorénavant Marie. Elle se change et range tous les vêtements verts dans la valise noire, se dirige vers la porte d’entrée et donne la valise à Lucie la brune. Elles se saluent par leur prénom. 

à la sortie de l’école Victor a un nouveau cadeau pour Marie: Une coccinelle. Ils la libèrent ensemble devant une petite fille qui s’extasie devant la beauté de Marie. Ils vont au centre équestre et croisent Noé dans le box d’Eadmund. Ils se saluent et font une promenade à cheval à trois. Victor invite Noé à manger de la purée chez eux le soir. De retour, Marie trouve une photo d’elle à cheval sur Eadmund avec Victor. Elle place la photo dans le cadre en ayant regardé celles qui s’y étaient accumulées. La plus récente avant la nouvelle montre la petite femme brune, Lucie. 

Au repas, Victor montre son cheval à bascule à l’invité. Noé sort les photos du cadre. On découvre la plus ancienne sur laquelle apparaît la soeur aînée de Marie. Elle a un jeune nourrisson dans les bras. Marie met cette photo en évidence dans le cadre et Victor demande de qui il s’agit. 

Marie porte Victor dans ses bras et le dépose dans son lit. La chambre est remplie de meubles d’enfants. Marie borde Victor qui lui demande de lui raconter l’histoire du petit prince de Lu. 

 

 

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La continuité dialoguée

 

 1.       Ext. Jour. (trottoire)

 

MARIE, 27 ans, marche sur le trottoir de l'avenue Louis Lepoutre à Ixelles. Elle tire une valisette. Ses cheveux blonds tressés sont attachés sur sa tête. Son pas est soutenu mais régulier. Elle regarde droit devant elle, le regard décidé, les traits du visage sont détendus. Elle s'arrête face au numéro 65. Elle appuie sur une sonnette, la porte s’ouvre légèrement, elle l’a pousse et elle entre. 

 2.         Int. Immeuble Jour.

Elle ouvre une boîte aux lettres et trouve un mot  : «Tu t'appelles Lucie». Elle ferme la boîte aux lettres, reprend sa valise en main et se dirige vers le grand ascenseur central en fer forgé. Elle ouvre la grille puis la referme et appuie sur le bouton du deuxième étage. Tandis qu'elle sort de l’ascenseur en laissant la porte ouverte, une petite femme brune sort de l'appartement de droite en laissant la porte ouverte. Elle restent deux secondes face à face puis se saluent. 

Femme brune

(regard fuyant)

Bonjour Lucie

Marie

(avec compassion)

Bonjour Lucie

MARIE entre dans l'appartement tandis que la femme brune entre dans l'ascenseur. 

 

 3.         Int. Appart. Jour.

MARIE est  debout dans le vaste hall d'entrée vide. Il n'y a rien si ce n'est un cadre photo face cachée couché par terre. Même les ampoules sont à nu. MARIE laisse sa valise et ramasse le cadre photo. Sur celle-ci la petite femme brune, LUCIE, est habillée de vert sur un cheval noir avec un enfant: Victor. 

Surgit dans le hall Victor, 5 ans. 

Victor

(vindicatif)

Tu t'appelles Lucie et tu dois mettre les vêtements verts.

MARIE ne bouge pas.

Victor

Mets les vêtements verts.

Victor montre la valise du doigt.

Victor

Mets les vêtements verts!

MARIE prend la valise et se rend dans une pièce adjacente.

 4.  Int. Appart. Jour.

MARIE ressort de la pièce habillée en vert. Victor s'est assis en tailleur par terre.

Victor

Tu vas t'occuper de moi?

Marie

Oui.

Victor

Tu veux devenir ma reine?

Marie

Oui. 

Maintenant, que fait-on petit Prince?

Victor

Maintenant, on chasse les mouches.

Victor se relève prestement.

 5.       Int. Appart. Jour.

Victor et MARIE sont couchés par terre l’un à côté de l’autre dans le hall, la tête dans leurs mains. Devant eux un verre renversé avec une mouche emprisonnée qui se cogne aux parois.

Victor

Une mouche sans ailes, c'est quoi.

Marie

Ce n'est plus une mouche.

Victor

C'est quoi alors?

Marie

Autre chose. Elle n'a pas de nom.

Victor

Mais sans ailes, elle meurt?

Marie

Oui, .... elle meurt.

Victor

Pourquoi?

Marie

Parce qu'elle n'a pas appris à faire sans.

 

Victor est plongé dans ses pensées. Puis il s’assied en tailleur et se tourne vers MARIE. Marie se met aussi en tailleur. Sa longue tresse pend le long de son torse.

 

 

Victor

Un prince sans épée, c'est quoi?

Marie

Un homme.

Victor

Je ne suis pas un homme.

Marie

Tu n'es pas un homme. 

 

Victor se rapproche et prend la tresse en main. Il retire l’élastique situé à l’extrémité puis prend ce bout et se caresse la joue avec. Il se met à défaire le tressage, délicatement, mèche par mèche. Toujours occupé il reprend la parole.

Victor

Tu as des frères et soeurs?

Marie

Oui.

Victor

Combien?

Marie

Beaucoup.

Victor

Tu es la plus grande?

Marie

Je suis la dernière.

Victor

Moi, je suis tout seul.

La tresse est complètement défaite. Victor se lève et étale les cheveux sur le torse puis sur le dos de MARIE. Ils touchent le sol tellement ils sont longs.

Marie

Tu es unique.

Victor

Je suis le plus grand.

Victor lève les bras vers le haut pour mimer la grandeur. Il a un grand sourire.

Marie

Le plus grand des petits Princes.

MARIE le regarde le sourire au lèvres. Elle se lève avec le verre et son contenu volant et se dirige vers le living, vers la fenêtre.

 6.       Int. Appart. Jour. (Le living)

 

MARIE ouvre la fenêtre d'une main et libère la petite mouche. Victor la rejoint à la fenêtre et regarde le ciel sur la pointe des pieds. Le soleil est bas, MARIE regarde en bas vers le square. Il n’y a personne juste une ombre qui s'étire derrière un arbre. MARIE ferme la fenêtre.

 

 7. ext. Rue Jour. (près de l'école)

MARIE et Victor marchent dans la rue vide d’Edith Cavell vers l'école. Ils arrivent à une intersection avec la rue Marie Depage et Victor s'arrête au coin. Il se tourne, sérieux, vers Marie.

Victor

Tu viens me chercher tantôt ici. Tu vas pas plus près.

Victor se retourne, traverse le piétonnier et entre dans la cour vide de l’école sans un regard pour MARIE. En face, elle observe un homme de dos, une capuche rabattue sur sa tête, debout contre une voiture, il semble suivre Victor du regard. Quand Victor entre, il s'éloigne les mains dans les poches. MARIE fronce les sourcils inquiète et perplexe. MARIE regarde l'homme s'éloigner puis monte le regard vers les arbres, les oiseaux, les nuages. Elle ferme les yeux et inspire un grand coup. 

 8. Rue ext. Jour. (devant l’école)

MARIE attend debout devant la barrière de l'école avec un panier en osier plein de légumes et de fruits. Elle balaie du regard la rue vide. 

 9. ext. Rue Jour. (devant l’école)

Elle aperçoit Victor qui sort avec son cartable au dos, il est seul. Il la voit, s'arrête puis reprend sa marche le regard fixe, droit devant lui, le visage fermé. Il passe à côté d'elle et continue sa route sans un regard. Il ne s'arrête que peu après l'angle de la rue Marie Depage. Là où elle était sensée l'attendre. Il se tourne vers elle et la foudroie du regard.

Victor

C'est ici que tu m'attends.

Marie

(calme, détendue, immobile)

Non.

Victor

(froidement)

 

Si.

Marie

(doucement)

Non.

Victor

(en criant)

 

Si.

Victor se retourne et marche d'un pas rapide d'enfant droit devant. Ses bras sont raidis par l’énervement. Il connait le chemin et ne marque aucune hésitation. MARIE le suit en marchant doucement. 

 10. Int. Appart. Jour. (hall)

Victor entre dans l'appartement, traverse tout le couloir, entre dans sa chambre et claque la porte. Deux secondes plus tard un cri retenti. MARIE laisse tomber le panier qui se déverse par terre et court vers la chambre, ouvre la porte.

11. Int. Appart. Jour. (chambre)

MARIE entre dans la chambre. Victor crie et montre du doigt le mur face à lui. MARIE le regarde puis suit le chemin indiqué par le bras. Il y a une grosse araignée sur le mur qu'il montre. MARIE inquiète se détend soudain et sourit. Victor apeuré continue de crier.

Victor

Là, là  !

MARIE souriante se dirige vers l'arachnide et le prend délicatement dans ses mains. 

Marie

(doucement)

Tu ne crains rien. N'aies plus peur.

MARIE sans un regard pour Victor se dirige vers la fenêtre, l'ouvre et dépose l'araignée sur le rebord. Ensuite, elle sort de la pièce d'un pas tranquille en laissant la porte ouverte, sans un regard pour Victor.

 12. Int. Appart Jour (hall)

MARIE ramasse les légumes et les fruits étalés sur le sol du hall d'entrée. Timidement Victor s'approche. Il ramasse un pomme et la met dans le panier. MARIE, d'un sourire chaleureux, lui tend une carotte. Victor la prend, sourit et baisse le regard avant de croquer dedans. Il continue de ramasser les courses puis lève d’un coup la tête vers Marie.

Victor

Demain, on ira voir mon ami Eadmund.

 

 

 13. ext. Rue Jour. (devant l'école)

MARIE attend devant la barrière de l'école, son panier plein de carottes et de pommes. Victor arrive. Il sourit et prend une pomme dans le panier. Ils se mettent à marcher l'un à côté de l'autre. 

Victor

Tu as fait quoi aujourd'hui Lucie  ?

Marie

J'ai aidé une fourmi à traverser la rue.

Victor

Moi, j'ai mordu Joris.

Marie

Pourquoi  ?

Victor 

On arrive.

Victor court vers le premier box qu'on aperçoit. Une tête de cheval noir apparaît. Il hennit. Inscrit en lettres d'or sur la porte du boxe  : Eadmund.

 14. Int. Box Jour.

Dans le box, MARIE caresse l'encolure du grand étalon noir de jais. 

Marie

Il est encore plus beau.

Victor

Oui, il aime bien être ici Eadmund. Et puis, il a Noé. Donne les carottes, Lucie, donne les carottes. 

MARIE tend des carottes à Victor qu'il donne au cheval. 

On va le frotter. Il aime quand on le frotte. Regarde!

Victor frotte le cheval puis MARIE l’imite. 

Chante-nous quelque chose Lucie. Eadmund il aime les chansons. 

Marie se met à chanter tandis qu’ils continuent de frotter Eadmund.

Marie 

soouuuouhou mi ni cravèrss, soouuuouhou mi ni cravèrss. Ti samani lami, avèès,  Ti samani lami, avèès. Lotouho armi démèès, ki valati korvou mi ni, Ki valati korvou mi Ti. Louhouhouni mori èvèss y salvati lami lukèsss, y salvati lami lukès.

MARIE sent une ombre passer devant la porte, elle s'arrête de chanter. Elle sort la tête pour scruter les environs mais ne voit personne.

 15. Int. Appart. Jour. 

Dans la chambre de Victor, MARIE et Victor mangent avec leurs doigts assis en tailleur par terre. Les légumes ont été découpés en tranches et forment de jolis plats bigarrés. 

Victor

à l'école c'est chaud. C'est bon chaud. J'aimerais bien manger chaud. 

 16. Int. Appart. Jour

MARIE et Victor sont assis autour d'une table ronde dans la cuisine. Il mangent avec une cuillère de la purée. Il y a toutes sortes de purées de plein de couleurs différentes (orange, vert, jaune, …)

 

Marie

C'est de la purée.

Victor

C'est la meilleure purée du monde  ! J'en mangerais tous les jours  !

 17. ext. Forêt Jour.

MARIE monte Eadmund à cru dans les bois. Il marche calmement. Un gros coléoptère atterri dans le bas de la chevelure de MARIE. Elle le regarde s’emberlificoter dans les fils dorés et l’aide à en sortir. La paume ouverte elle laisse l’insecte reprendre sa route et suit du regard son vol. 

 18. ext. Forêt Jour.

Dans le sillage du coléoptère apparait un autre cavalier, NOE. Il s’approche au pas et s'arrête non loin de là. Il la toise puis finit par se rapprocher, caresse le museau d'Eadmund et le regarde dans les yeux, puis, une dernière fois observe MARIE qui reste stoïque. Il dépasse MARIE et continue sa route. MARIE ne se retourne pas, baisse les yeux un instant le regard en coin, puis repart.

 19. ext. Rue Jour. (devant l'école)

MARIE attend devant la barrière de l'école, Victor arrive. Il sourit et lui tend son poing fermé. 

Victor

J'ai quelque chose pour toi.

MARIE tend la main, paume ouverte, pour recevoir son cadeau. Victor desserre les doigts et laisse tomber un bonbon dans la main de MARIE.

 

Un bonbon à la fraise  ! C'est très bon. Joris m'en a donné deux. 

Victor ouvre la bouche pour montrer son bonbon entamé. Il se retourne et fait au revoir de la main à un enfant dans la cour: Joris. Victor se tourne, prend la main de Marie et ils marchent main dans la main en s’éloignant. Le visage de Victor se lève vers celui de Marie.

Il m'a dit que ça n'existait pas les bonbons à la carotte. C'est vrai  ?

Marie

Joris connaît mieux les bonbons que nous.

Victor

Il m'a dit qu'il allait à la plaine de jeux après l'école. On y va  ? On y va  ?

 20. Ext. Plaine de jeux Jour.

MARIE se balance sur une balançoire en mâchant un bonbon. Victor dans le grand filet lui fait des signes de la main qu'elle lui renvoie. Il a les joues roses et s'amuse. MARIE sourit. Son regard est attiré par quelque chose au loin, derrière Victor. Quelqu'un qui observe puis fait demi-tour et s'éloigne. MARIE arrête la balançoire, l’air inquiet. Elle regarde Victor, il est toujours entrain de s'amuser avec JORIS. Il n’y a personne d’autre à la plaine de jeux. Elle va chercher Victor. Il saute dans ses bras et ils sortent de la plaine.

 21. Int. Appartement. Jour

Ils rentrent dans l'appartement. Dans le hall un gros colis emballé en vert. Victor crie surexcité.

Victor 

Ouiiiii. Regarde Lucie, j'ai reçu un cadeau, un cadeau!

Victor déballe frénétiquement le cadeau. Il s'agit d'un cheval à bascule blanc. Il grimpe dessus, met les pieds dans les petits étriers.

Regarde Lucie, je suis ton petit prince  !

 22. Ext. ECOLE-Foire jour

Victor et MARIE marchent main dans la main dans le bruit des attractions vides, il n’y a qu’eux. Victor regarde partout. Il a un bonnet doré sur la tête. Ils montent sur un vieux manège en bois peint. Ils sont côtes à côtes, chacun sur un cheval. Tandis que le cheval de Victor se soulève, celui de MARIE descend et vice versa. Ils se tiennent à la barre et son heureux. 

23. Ext. Foire jour

Après ils mangent une barbe à papa. Victor tend un morceau à MARIE qui fait semblant de mordre ses doigts en prenant la fine pellicule de sucre avec ses lèvres. Victor éclate d’un rire cristallin. 

24. Ext. Foire jour

Ils pénètrent dans le palais des glaces. MARIE est à peine entrée qu'elle trouve déjà la sortie après avoir traversé le dédale. Victor se cogne deux fois et commence à être apeuré par son reflet projeté à l'infini tout autour. 

Victor

Lucie, je trouve pas la sortie. 

Victor voit le reflet flou d'un homme, NOE. Il se retourne mais il n'y a plus rien.

MARIE est de nouveau dans le palais et se met derrière Victor. 

Marie

Parfois, pour trouver le chemin, il faut s'éloigner. Ferme les yeux. 

Que sens-tu  ?

Victor 

Tu sens bon. 

Victor sourit puis devient plus sérieux.

Il fait froid.

MARIE se rapproche de Victor, près de son oreille.

Marie

(dans un murmure)

Il vient d'où le froid  ?

Victor 

De... par là.

Victor lève le bras vers la gauche.

Marie

Suis-le. 

MARIE penchée, le tient par les épaules. Apparait un reflet d’homme aux traits flous. Ils continuent d'arpenter lentement les couloirs de glace en suivant la direction montrée par Victor. 

Ouvre les yeux.

Victor

J'ai peur de voir.

Marie

Ce ne sont pas tes yeux qui te guident. Mais il faut voir, tant qu’on le peut.

Victor ouvre timidement les yeux. L’école est pleine de parents et d’enfants. Il sourit en voyant MARIE. Elle le regarde pleine de tendresse et lui remet son bonnet en place. Un bruit de coup de fusil attire leur attention. Ils se retournent. Il s'agit du stand de tir. Des peluches colorées et des jeux pendent du plafond. Une belle épée dorée trône au centre. 

Victor

Là, mon épée  !

Victor tire MARIE par la main vers le stand.

 25. Ext. Stand tir. Jour

 

MARIE tient un fusil en joue. Elle abat tous les cartons. Victor crie de joie. 

26. Ext. Stand tir. Jour

MARIE a enfilé une paire d’ailes. VICTOR brandit son épée vers le ciel. 

Victor

Regarde, moi, j’ai retrouvé mon épée  !

Il est fou de joie. 

27. Ext. rue. Soir

Ils rentrent main dans la main dans la rue vide. Le soleil est bas, le ciel orangé. Victor avec son épée en main, MARIE avec sa paire d'ailes dans le dos. 

 28. Ext. Avenue Lepoutre. Soir

Dans l'ombre parmi les ombres qui s'étirent avant le coucher du soleil apparait une ombre qui les suit. MARIE l'a remarque en premier mais c'est au tour de Victor de la voir aller d'arbre en arbre, fuyante. Victor s'immobilise, pris d'effroi. MARIE le tire par la main mais il ne bouge pas, pétrifié sur place. Elle le prend dans ses bras, ouvre la porte de l'immeuble et ils disparaissent derrière. 

 29. INT. Appartement. Nuit

MARIE entre dans l'appartement Victor dans ses bras, la tête posée sur son épaule. Elle le dépose dans le fauteuil du living (qui est apparu) et sort d'un coffre tout près une grande couverture blanche. 

Marie

Tu vas chercher des coussins  ?

Victor se réveille d'un coup et court vers sa chambre. Il revient avec deux coussins et tire péniblement derrière lui une couverture. MARIE avait installé quatre grandes chaises et posé la couverture blanche au-dessus. Victor se glisse sous la tente improvisée et allume la lampe de poche. MARIE éteint la lumière du salon et s'installe à son tour. Ils jouent couchés avec la lumière à faire des dessins avec leurs mains sur le fond blanc de leur plafond de toile. Victor rit. Il la regarde et défait ses longs cheveux blonds mis en chignon. 

Victor

Tu es très belle. Tu sens bon et tes cheveux sont tout doux.

Il continue d'étaler ses cheveux sur les coussins. Ils sont moins longs qu'auparavant. Il remarque une chaîne sur son cou. Il tire dessus et trouve un médaillon. Il l'ouvre et voit une photo effacée, blanche).

Qu'est-ce que c'est  ?

Marie

Ma mère.

Victor

C'est quoi son nom  ?

Marie

Je ne sais plus. 

Victor

Elle est où  ?

Marie

Sur la terre ou dans le ciel.

Victor

Les mères elles ont le nom des mères…. 

Victor se blottit dans ses bras en se caressant la joue avec les cheveux de MARIE et elle lui embrasse le front. 

 30. INT. Appartement jour.

MARIE plie les couvertures. Une enveloppe est glissée sous la porte. Elle la voit, ouvre la porte mais il n'y a personne. Elle ouvre l'enveloppe. Est rédigé en lettre capitales : «Tu t'appelles MARIE ». Directement après elle va dans sa chambre, retire la valisette noire de dessous le lit et la remplit des vêtements verts. Elle se change, met des vêtements bleus et se dirige vers la porte d'entrée. Elle ouvre la porte. La petite femme brune est là.

Femme brune

Adieu Marie.

Marie

Adieu Lucie.

 31. Ext. école Jour. 

Victor a le poing fermé. Il le tend à MARIE.

Victor

Cadeau de Victor à Marie!

Victor ouvre le poing et fait apparaitre une petite coccinelle.

 32. Ext. École. Jour.

Une petite fille apparait à leur côté.

Marie

Montre lui le ciel, Victor.

MARIE prend le dos de la main de Victor pour la monter vers le ciel. La coccinelle s'envole. La petite fille regarde distraitement l'insecte et semble fascinée par MARIE.

Petite fille

Elle est trooop belle ta maman.

Victor

(aux anges)

C'est la plus belle du ciel et de la terre. 

(chuchotant à la petite fille)

Elle sent aussi très bon et elle fait de la bonne purée  !

 33. Ext. Centre équestre. Jour

Ils approchent du boxe d'Eadmund, un homme en sort  : NOE. Il est vêtu d'une paire de chaps crottée. 

Noé

Bonjour Victor.

Victor

(enjoué)

Bonjour Noé

NOE s'adresse à MARIE d'un regard pénétrant. Elle lui rend son regard sans ciller.

Noé

Bonjour Marie

Marie

Bonjour Noé.

Noé

Vous allez faire un tour avec Eadmund?

Victor

(enjoué)

Oh oui! 

Victor se retourne vers MARIE.

Victor

On y va? On y valisette?

Noé

NOE regarde MARIE en parlant.

Eadmund est déjà très attaché à Marie. Personne n'a jamais été aussi loin  avec lui.

Jamais.

 

 34. Ext. jour

Ils se promènent à trois dans la forêt. MARIE et Victor sur Eadmund et NOE sur un alezan. 

Victor

Noé, tu aimes la purée  ?

Noé

J'adore la purée. 

Victor

Moi aussi, après les bonbons à la fraise. Tu viens manger chez nous après  ?

Noé

Si Marie veut bien de moi.

Victor

Oui, oui, oui, elle veut. 

Victor se retourne vers MARIE.

Dis que tu veux ! ...  S'il te plait.

MARIE regarde Victor en souriant puis répond en regardant droit devant elle. 

Marie

Je veux.

Victor hurle de joie.

Victor

Ouaaaiiiiiis!

 

 35. Int. Appart. Jour.

Ils rentrent de leur promenade à cheval. Victor se précipite dans un grand fauteuil sans coussins. Il allume la télévision et regarde un dessin animé. Une lettre attend MARIE sous la porte. Elle l'ouvre. Une photo d'elle à cheval avec Victor. Elle va chercher le cadre photo sur le dressing et détache l'arrière. Cinq photos sont superposées. Toutes représentent une femme aux longs cheveux habillée en vert sur un cheval avec un enfant. Les quatre femmes sont inconnues mais, sur la dernière, il y a la petite femme brune, LUCIE. La nouvelle photo, la sixième il s’agit de MARIE et elle n’est pas en vert. Elle s’attarde sur la photo la plus ancienne où Victor n’est qu’un nourrisson dans les bras d’une jeune femmes brune au sourire épanoui. Elle met cette photo au-dessus des autres empilées et replace le tout dans le cadre. 

 36. Int. Appart. Nuit.

NOE mange à table avec MARIE et Victor dans le living (qui est plein de meubles). Ils mangent avec une fourchette et un couteau. Des verres sont disposés en face d'eux avec au centre une cruche d'eau. Victor, sa purée terminée, fonce dans sa chambre pour ramener son cheval à bascule. MARIE remplit le verre d’eau de Noé.

Noé

C'est moi. A l'école, dans le square, partout, c'est moi. Je suis là, je l'ai toujours été, ... bien avant toi, bien avant ici. Je l’ai tenu dans mes bras.

NOE tourne le regard dans la direction prise par Victor puis revient regarder MARIE dans les yeux.

Il t'a trouvée.

Victor est de retour dans la pièce avec son cheval qu'il tire péniblement derrière lui. Il grimpe dessus et crie à Noé.

Victor

Regarde, Noé, regarde! Je suis le petit prince de Lu. 

Et Victor brandit son épée.

Noé

(à Marie)

Il est fort maintenant. 

En tournant la tête vers Victor et en le regardant qui joue sur son cheval à bascule.

Vous l’êtes tous les deux.

MARIE le regarde intensivement sans infirmer ou affirmer. NOE se lève et se dirige vers le cadre. Il l’ouvre, prend la photo de MARIE, retire celle de LUCIE la mère.

Noé

(à Marie)

On vit ici et maintenant.

Marie

Hier, aujourd’hui et demain, tout se mélange.

MARIE se lève. Elle remet les photos dans le cadre. Elle garde la photo d’elle et Victor qu’elle dépose à côté du cadre. Victor arrive. Il regarde les photos. Il montre la première.

Victor

Qui c’est? C’est toi?

Marie

Non, elle est plus grande, plus radieuse.

Victor

Elle est belle… très belle. Elle connaît Eadmund. On va la voir?

Marie

(regardant Noé, caressant les cheveux de Victor)

Non, elle ne vient plus. 

 

 37. Int. Appart.jour (scène finale)

MARIE porte Victor dans ses bras, elle entre dans la chambre dans la pénombre. Ses cheveux sont encore plus courts et forment un carré plongeant. Il y a toujours le hamac, qui semble tout petit, mais surtout il y a un beau lit blanc avec des peluches. Une petite table d'enfant bleue dans un coin avec une petite chaise assortie et un bac à jouets. L’épée traine par terre. Des étoiles lumineuses sont collées au plafond. MARIE le couche dans le lit.

Victor

Maman, tu me racontes l'histoire du petit prince de Lu?

 

 

 

 

 

 

 

 

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La note d’intention

Cette oeuvre s’est inspirée du symbolisme. La musique est donc spécifique, douce et pleine de mystère. A chaque moment d'action, d'angoisse, à chaque fois que l'ombre apparait la musique cesse pour laisser place au silence. Ces moments de silence participent de l’abstrait et de l’étrange des situations. Il est primordial de montrer la nature, le ciel, les arbres et une certaine forme d’immobilité du monde. 

De même les détails ne doivent pas être soulignés. Le tableau à la fin doit être vu rapidement dans l’ensemble de la pièce en suivant le protagoniste et non faire l’objet d’un gros plan insistant. Tous les éléments qui s’ajoutent doivent donner l’impression que c’est de manière tout à fait naturelle sinon nous perdrions cette sensation étrange pour être rattrapé par la raison qui efface toute la magie qui imprègne les lieux et les personnages. 

Afin que les scènes semblent se raccorder, il faut leur donner une impression de flux ininterrompu. Pour ce faire chaque scène qui présente un personnage en déplacement doit imprimer un déplacement dans la scène suivante. De même une scène immobile doit commencer de manière immobile dans la suivante.

 

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